(kaz) les filles savent aussi bien que les garçons ce qu'elle veulent

Assise depuis dix bonnes minutes dans ce petit café de quartier, une tasse de café au lait posé devant moi, je me demande ce que je fais là. Je n'ai qu'une envie, me lever et le laisser m'attendre sans qu'il ne me voie apparaître. Sauf que je me doute bien que si je lui fais ça, j'aurais de nouveau droit à une visite de sa part et je devrai de nouveau écouter sa tirade sur mon potentiel artistique. J'espère donc pouvoir le convaincre que le succès ne m'intéresse pas et que j'ai simplement envie de continuer ma musique dans la rue pour le plaisir des oreilles des passants. Un long soupir s'échappe d'entre mes lèvres, pendant que mon regard parcours la petite salle quasiment déserte et je prie pour qu'il arrive rapidement, pour que je puisse ensuite retourner à mon passe-temps préféré ; la musique. D'ailleurs, je me demande bien pourquoi j'ai accepté son rendez-vous, car en tant normal j'arrive très bien à me débarrasser de ce genre de personnes. Mais chez ce jeune homme, il y a quelque chose d'attirant et de mystérieux et c'est très certainement pour ça que j'ai finalement accepté de le voir dans un lieu publique. Et c'est aussi un peu parce qu'il a l'air autant têtu que moi et que je dois donc absolument mettre les points sur les I et lui montrer que même si je suis blonde, je sais très bien ce que je veux dans la vie. Alors que ma tasse s'approche de mes lèvres, je le vois, du coin de l'oeil, entrer dans le petit café et sans que je sache réellement pourquoi, je sens mon coeur accélérer dans ma poitrine. Une fois ma tasse reposée et en sécurité sur la table, je lui fais un très léger signe de la main, pour qu'il n'ai pas besoin de me chercher, même si l'endroit est quasiment désert. J'espère que ce petit rendez-vous ne tournera pas en chamaillerie et qu'on trouvera rapidement un terrain d'entente, surtout que dans ma tête tout est très clair.

« Prépares moi le studio. Il faut qu’il soit prêt pour le prochain enregistrement. » souffle Kaz en jetant un coup d’œil à quelques papiers sur son bureau. La semaine a été chargée, et les studios mis à disposition pour ses artistes sont que très rarement libre. Demain, il recevait l’un de ces plus gros artistes pour l’enregistrement d’un ancien morceau, remixé pour l’été qui arrivait. Mais sa tête n’était pas entièrement avec son équipe de studio mais plus avec la jeune femme qui avait finalement décidé de le rencontrer. Elle lui avait passé un coup de fil, chose qu’il n’avait pas espéré une seule seconde. Rapidement il se retrouve devant la porte du starbucks et pousse la porte. Il la voit, au loin, la main légèrement levée lui faisant signe de venir.
Elle était encore plus belle que la première fois qu’il avait posé ses yeux sur elle. Pourquoi pensait-il à ça ? Parce que c’était un homme et qu’il savait apprécier la beauté d’une jeune femme. Puis mine de rien ça vendait le physique d’une femme. Non pas qu’il voulait qu’elle vende le sien au dépens de son talent, non au contraire, il souhaitait pour elle quelque chose de plus poignant, intense. Il s’installe non sans oublier de lui tendre la main quelques instants après pour la saluer. « Bonjour » lance-t-il le sourire aux lèvres. « Je ne pensais pas que vous m’appelleriez. » Et il était même loin de s’en plaindre. Il pose son portable sur la table au cas où quelqu’un l’appellerait pour une urgence ou pour une histoire de boulot. Son téléphone c’était un peu son matériel de travail, sans, il devenait stressé de ne pas savoir où en était ses employés. Son regard balaye l’endroit puis se repose sur la jeune femme et vilain comme il est il ne peut s’empêcher de s’imaginer la voir à moitié nue et il se déteste d’être aussi faible, parce que ça ne lui arrivait jamais d’avoir des idées aussi crues concernant une autre femme que la sienne. Il se racle la gorge et débute son petit speech sans même attendre qu’elle ne lui dise quelque chose aussi malpolie que cela puisse paraitre. Mais il s’en fichait, elle allait devoir s’y habituer. « Je vais débuter avec quelques questions, pour connaitre votre style, vos envies et votre expérience. Juste pour me donner une légère idée de vos compétences. » Il sort un stylo de sa poche et commence à gribouiller quelques mots sur la feuille qu’il avait emmené avec lui.

Les minutes passaient lentement, beaucoup trop lentement à mon goût et je ne le voyais toujours pas arriver. Qui sait, peut-être allait-il me poser un lapin. Vu le temps que j'avais mis avant de me décider à l'appeler, ça ne m'aurait étonnée qu'à moitié. Mon café refroidissait lentement dans sa tasse que je tenais entre mes deux mains et l'envie de prendre la poudre d'escampette devenait de plus en plus forte. Après tout, j'avais d'autres choses à faire que de rester assise telle une carotte à attendre quelqu'un que je ne connaissais même pas. Alors que j'apprêtais à me lever, je le vis enfin passer le pas de la porte et instinctivement je lui fis un petit signe pour qu'il me trouve facilement. Signe qui n'avait pas besoin d'être, vu que l'endroit était quasiment désert. Je l'observai s'avancer vers moi, il avait cette prestance et cette assurance que tous les hommes pouvaient dégager mais que peu arrivaient à bien maîtriser. Mon coeur commença à accélérer dans ma poitrine, pendant que mon esprit tournait à cent à l'heure. A peine fut-il installer en face de moi, qu'il pris les devant et je l'écoutais sans vraiment savoir quoi dire. Enfin si, je savais exactement quoi dire, mais j'attendais patiemment qu'il ai finis son petit discours, qu'il avait certainement préparé avant de venir. J'arquai un sourcil  à sa remarque et remit quelques mèches de cheveux en place tout en plaçant mon regard dans le sien. Des questions ? Je ne vois pas quelles questions vous allez me poser, vu qu'on a apparemment pas du tout la même vision du rendez-vous. Je lui fis un petit sourire tout en bougeant légèrement sur ma chaise. Si je vous ai appelé pour vous rencontrer, c'est simplement pour vous dire que votre offre ne m'intéresse pas. Si je fais de la musique, c'est par plaisir et non pas pour devenir connue et amasser des millions. Je ne savais pas pourquoi, mais je sentais que la discussion allait durer un moment, il avait l'air d'être quelqu'un a qui on ne refusait jamais rien et qui donc obtenait toujours tout ce qui souhaitait. Sauf qu'il ne me connaissait pas et il ne devait pas se douter que quand j'avais décidé quelque chose, il était très très difficile de me faire changer d'avis.

Le regard du jeune homme suivait l’un des poignets de la jeune femme qui s’agitait pour remettre quelques mèches en place. Elle décide finalement de l’ouvrir, lui pensait qu’elle allait répondre gentiment à ses questions, non pas du tout, en vrai il avait prédis cette réaction. Il savait qu’il allait devoir la travailler pour qu’elle accepte de venir dans son studio bosser quelques sons. Un sourire grandit sur le visage de Kaz. Elle pensait bien se défendre, lui tenir tête mais devant lui ce n’était qu’un petit lionceau qui essayait de se débattre. Elle était adorable, elle qui pensait agir en tigresse, elle qui pensait pouvoir le repousser. « Ok … » lui dit-il, en essayant d’avoir son attention. Mais elle continuait, lui expliquant ne pas chercher l’argent et les paillettes et tout ce qui va avec. « Ok j’ai dit ! » il balance son stylo sur la table et fronce les sourcils. Non il n’était pas énervé. Elle montait sur ses grands chevaux sans même le laisser s’expliquer. « Je ne t’ai jamais promis des millions, la célébrité et d’autres conneries pareilles. Rêves pas trop vite chérie. » il tapote sur la table en continuant à la fixer dans les yeux. Elle voulait jouer à qui baisserait le regard le premier. C’était totalement enfantin mais ça confirmait ce qu’il pensait, elle avait besoin de faire véhiculer quelque chose. Elle avait besoin de lui faire comprendre qu’elle était maître de son destin. « Quel âge as-tu ? » il ne lui donnait pas plus de 24 ans. Mais il attendait tout de même une réponse de sa part, parce que certaine fois les américaines ont l’air plus jeune. Puis il voulait être sûr de ne pas avoir à faire à une mineure, fugueuse ou autre. « On sait jamais si je dois avoir l’accord de tes parents… » il le faisait exprès pour qu’elle arrête d’agir comme une enfant et de jouer aux têtes de mules.