we are diamonds taking shape (thaïs)

-Cover me in honeysuckle memories -


looks like a girl, but she's a flame,
so bright she can burn your eyes

001 Les manifestations pacifiques, les grands livres, l'histoire, l'actualité, Thaïs baigne dedans depuis qu'elle est toute petite. Ses parents engagés dans de nombreux combats lui ont transmis des valeurs importantes, mais surtout l'envie de donner une voix aux plus faibles, aux oubliés. Entourée de sa sœur et de son frère, ils n'ont jamais manqué de rien élevé par des parents aimants et très attentifs à leurs besoin. C'est donc tout naturellement qu'elle se tourna vers le journalisme. Elle avait ce besoin de bouger enfouit en elle ne pouvant rester trop longtemps au même endroit, puis trop de choses dans ce monde la révoltaient pour qu'elle se taise en faisant comme si de rien n'était. Elle voyage donc aux quatres coins du monde son calepin dans une main et son stylo dans l'autre. La famille Alamea a toujours été unie, ils pouvaient toujours compter les uns sur les autres. Ses parents sont restés à Hawaï alors que les trois enfants ont quitté le nid familial. Ils se retrouvent tous sur l'île chaque année pour les fêtes et autres réunions familiales ce qui est loin de toujours réjouir Thaïs. Elle a du mal à accepter les questionnements quant à sa vie privée et ne peut s'empêcher de se comparer à sa cadette qui a su mettre de l'ordre dans sa vie bien plus tôt qu'elle. Elle arrivait parfois à éviter ces moments gênant, prétextant avoir du boulot ou un avion à prendre, mais cela ne fonctionnait pas à tous les coups. On peut la définir comme ça Thaïs, sa vie professionnelle est parfaite, elle est reconnue dans son domaine, elle s'est fait un nom dans le journalisme, mais pour ce qui est de sa vie privée, rien ne va, c'est le chaos.

002 He's so tall and handsome as hell. he's so bad but he does it so well. Ses yeux. C'était sûrement ce qui l'avait tout de suite charmée lorsqu'elle l'avait aperçu pour la première fois. Avaient suivi son sourire, son sens de l'humour fragile, son odeur, puis tout de lui. Ils se sont rencontré lors d'une mission humanitaire en afrique du sud. Elle était là pour aider dans une école, alors qu'il travaillait dans l'hôpital improvisé du village. Ils avaient pris le même avion, faisaient partie de la même mission et ont donc passé trois mois là-bas. Elle était tombée sous le charme sans même s'en rendre compte, sans même le vouloir. Il était aussi investi qu'elle dans son métier, aussi passionné, mais également très inaccessible, très marié. Dès leur rencontre elle avait remarqué l'alliance à son annulaire, pourtant, elle avait vite fait de l'oublier. Elle avait tenté de résister, de ne plus le croiser au centre, de ne plus sourire en entendant sa voix grave, mais elle avait été faible. Elle s'était sentie transportée, aimée, puis utilisée. Cette relation ne la mènerait nul part, elle se sentait coupable, elle ne se reconnaissait plus. Après la mission, elle rentra à Hawaï avant de s'envoler pour Eureka Spring pour rejoindre une amie. Elle n'avait pas pu dire non à cette amie de longue date, Jillian, qui ne savait pas comment se tirer d'une sale situation. Thaïs s'était empressée de louer un appartement dans la petite ville pour héberger Jillian au plus vite. Cette dernière ne savait plus quoi faire face au comportement violent de son fiancé, Thaïs avait du l'accompagner à plusieurs reprises à l'hôpital. A chaque fois, c'était la même histoire, Jill se désistait et ne voulait pas rentrer avec elle parce qu'après tout ce n'était pas sa faute à lui, mais la sienne à elle. Elle regrettait à chaque fois qu'elle la laissait repartir. Puis un jour, c'est lui qui s'est occupé d'elle. Jamais elle n'avait pensé qu'elle le reverrait un jour. Un regard échangé, perdue dans son regard azur, un sourire au coin de ses lèvres. Elle s'était demandé combien de chances il y avaient qu'ils se retrouvent dans une petite ville en plein Arkansas. Très peu, s'était-elle dit. Très peu de mots échangés, pas la peine, leurs regards parlaient pour eux. Il demanda à Jillian de revenir le voir dans quelques jours, gribouilla quelque chose sur une feuille avant qu'un nouveau sourire fasse son apparition au coin de ses lèvres. Cette fois-ci, Thaïs ne laissa pas le choix à son amie, elle dormirait chez elle. Quelques semaines plus tard, elle quittait son fiancé pour de bon alors que Thaïs retombait dans les bras de Jax qui avait divorcé, mais s'était également remarié depuis. Leur relation est complexe : fuis-moi je te suis, suis-moi je te fuis. Ils se quittent, se retrouvent, pour mieux se quitter à nouveau et se retrouver plus tard. Ils s'aiment et se détestent comme il se bousillent tout en étant un remède l'un pour l'autre. Elle était celle qu'il a appelé lorsque sa petite fille est partie, la maladie ayant gagné le combat, il était là lorsqu'elle a perdu son frère. Tout semble impossible entre eux pourtant ils s'acharnent, se font mal à revenir, à essayer, comme s'ils n'y pouvaient rien, comme si c'était plus fort qu'eux. Ils en souffrent, mais en redemandent.

003 Cet article, elle ne l'oubliera pas. Une jeune homme s'est fait tiré dessus à New-York. Ses doigts effleuraient rapidement le clavier de son ordinateur, les mots s'enchaînaient sans même qu'elle ai à réfléchir. Selon les dires de certains, il s'agirait d'une arrestation qui aurait tourné au drame. Un soupir traversait ses lèvres alors qu'elle attrapait sa tasse remplie de café noir d'une main tremblante. Elle recommença à taper sèchement sur le clavier. Pourtant bien des preuves montraient qu'en réalité, le jeune homme avait été arrêté sans raison et que le coup de feu était aussi infondé. Son père lui avait souvent répété que pour réussir, elle devrait se surpasser étant une femme, de plus de couleur. Comme si elle avait quelque chose à prouver comparée aux autres. Cette idée l'avait toujours révoltée, une haine qui lui prenait les tripes, encore plus aujourd'hui. Elle avait décidé d'écrire sur ce jeune homme lâchement assassiné dans la rue et considéré comme un criminel, comme s'il l'avait mérité. Elle avait toujours pensé que son père exagérait et voulait seulement la prévenir pour mieux la protéger, mais aujourd'hui un amer lui restait en bouche. Au moment d'écrire le nom de ce jeune homme, elle s'arrête, comme si c'en était trop pour elle, comme si son corps refusait de l'accepter. L'écrire ce serait le rendre réel. Son téléphone vibrait dans un bruit sourd sur le bois de son bureau. Jax. Ses sourcils se fronçaient alors qu'elle reportait le regard sur son écran d'ordinateur. Pas maintenant. Elle ne voulait parler à personne, pas même à sa sœur qui l'avait ensevelli d'appels depuis deux jours.  Ses yeux la brulaient, alors que ses mains ne cessaient de trembler au-dessus du clavier. Les mots qui lui venaient d'habitude si naturellement semblaient disparaître de son esprit. Tout s'embrouillait, tout lui semblait perdre sens. Les mots, son arme depuis toujours, ne parvenaient pas à transcrire ce qu'elle ressentait à cet instant. Pendant des années, elle avait su utiliser les mots justes pour raconter les malheurs de milliers de gens, mais pour écrire son propre désespoir, elle était perdue. Elle sentait qu'elle ne pourrait pas cacher ses émotions de la sorte bien longtemps, qu'elle devrait faire face à ce drame, à ses parents complètement détruits par la mort de son frère. Le jeune homme se nommait Kai Alamea.
 
004 Elle refermait la porte derrière elle. Elle quittait rapidement ses chaussures pour ne pas faire de bruit, avant de déposer ses clés et son sac sur un meuble à l'entrée. Elle passait devant la cuisine et un sourire étirait ses lèvres lorsqu'elle aperçut les restes du pizza dans une assiette. Voir un autre repas que celui-ci l'aurait étonné de la part de Lois. Lentement, elle se dirigeait vers la chambre. Du plat de la main, elle poussait délicatement la porte. La pièce était plongée dans le noir, comme souvent. Sans attendre plus longtemps, elle plonge sous les draps et se blottit contre lui. Elle avait peur de finir seule Thaïs, retrouver son appartement vide tous les soirs la désespérait. Elle appréciait réellement Lois, il remplissait sa vie, il donnait un semblant de stabilité, de solidité à cette dernière. C'était comme s'ils avaient passé un accord pour lutter ensemble contre leur solitude, au fond, ils se ressemblaient sur de nombreux points. Sa présence la rassurait, elle pouvait se confier à lui quand le besoin la prenait, elle avait quelqu'un à ses côtés. Sa vie sentimentale ressemblait à un beau bordel avant que tu ne commences une relation avec lui. Certes, ce n'était pas parfait, loin de là, mais elle s'en contentait, ça lui suffisait, pour le moment en tout cas. Elle ne se sentait pas coupable dans cette relation, ni en trop, ils avaient chacun leur place et il lui avait permis d'oublier Jax, peut-être le temps de quelques secondes, pensa t-elle ironiquement. Elle le sentait bouger dans le lit et se lovait un peu plus contre lui chassant ces pensées de son esprit.